Les hommes ont-ils toujours le monopole des tâches dites « masculines » ?

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jeremy, Le 23 mai 2023 10 minutes

Les hommes ont-ils toujours le monopole des tâches dites « masculines » ?

 

Une enquête exclusive de l’IFOP pour Depanneo.com Bricolage, petites réparations, barbecue, voiture…

Les nombreuses études consacrées au sujet mettent régulièrement en lumière ce constat : en dépit de légers progrès enregistrés ces dernières années, la plupart des tâches liées au fonctionnement du foyer – enfants, courses, ménage… – sont encore dans notre pays très majoritairement assumées par les femmes.

Mais qu’en est-il aujourd’hui des tâches traditionnellement perçues comme « masculines », qui recouvrent un large panel de travaux d’entretien et de réparations effectués tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la maison ? Sont-elles toujours l’apanage des hommes ou assiste-t-on à un rééquilibrage entre conjoints ?
À l’occasion de la journée mondiale du bricolage célébrée le 24 mai, Depanneo.com et l’agence spécialisée en data Flashs ont confié à l’IFOP le soin d’interroger plus de 1 000 Françaises sur la répartition au sein du couple de ces petits travaux qui vont du montage d’un meuble au débouchage d’une canalisation en passant par le changement d’une roue crevée ou encore la réparation d’appareils électro-ménagers.

Si la proportion d’hommes qui assument seuls ces tâches a fortement diminué ces dernières années et quand bien même les femmes considèrent souvent qu’elles sont à même de les effectuer à l’égal de leurs conjoints, ces derniers restent dans les faits majoritairement à la manœuvre truelle, perceuse ou marteau en main. Fréquemment sources de tensions, petits travaux et réparations questionnent régulièrement les compétences des hommes, et amènent un nombre non négligeable d’entre eux à surestimer leurs capacités, voire à ressentir de la honte lorsqu’ils échouent. 

Bricolage et petits travaux mieux partagés

les hommes n'ont plus le monopole du bricolage

En un peu moins de deux décennies, la proportion de femmes prenant à leur charge ou partageant avec leur conjoint le petit bricolage à la maison a considérablement augmenté. En 2005 en effet, plus de 7 d’entre elles sur 10 (71%) indiquaient qu’il revenait à leur partenaire d’assurer ce type de travaux. Aujourd’hui, elles sont à peine plus d’une sur deux (52%) à être dans ce cas, tandis que la part de celles qui s’en occupent seules chez elles est passée dans le même temps de 10% à 17%, voire à près du quart (24%) chez les 18-34 ans. Un réel changement de tendance s’est ainsi amorcé ces dernières années parmi les jeunes générations, contrairement à leurs ainées chez lesquelles seulement 13% des plus de 65 ans disent se charger exclusivement de ces tâches.

Il est toutefois intéressant de comparer ces résultats émanant des femmes avec les réponses des hommes. À l’évidence, les points de vue sur « qui fait quoi » en matière de bricolage à la maison divergent puisque plus de 7 hommes sur 10 (contre 5 femmes sur 10 donc) indiquent être seuls à la manœuvre.

 Les hommes restent toutefois à la manœuvre

de meme beaucoup de taches dites "masculines" restent majoritairement a la charge de l'homme, surtout celle necessitant l'usage de la force physique

Pour autant, un certain nombre de tâches sont toujours majoritairement assumées par les hommes dans le cadre familial. Les plus citées concernent notamment la voiture : les deux tiers des femmes (66%) indiquent qu’il revient à leur conjoint de faire redémarrer la batterie d’une voiture et plus de 6 sur 10 (62%) lui laissent le soin de changer une roue crevée. Elles ne sont que 4% et 5% à s’en charger elles-mêmes. De même, et ainsi que plusieurs enquêtes l’ont encore récemment confirmé, la conduite de l’auto sur les longs trajets est toujours un privilège masculin (49% des femmes le disent contre 33% qui évoquent un partage du volant).

En matière de bricolage et de dépannage, les travaux qui nécessitent l’usage de la force physique ou éventuellement une certaine technicité sont ceux qui reviennent le plus aux hommes. C’est par exemple le cas lorsqu’il faut percer ou boucher des trous (60% des femmes disent que leur partenaire s’en charge), d’effectuer des petits travaux de maçonnerie (54%) ou de plomberie (62%) ou encore de tenter de réparer des appareils électroménagers (50% des hommes s’y attèlent seuls contre 8 des femmes). En revanche, si d’après leurs conjointes 31% des hommes effectuent les travaux de peinture, elles sont 20% à les accomplir seules et 35% à préciser que le couple les partage.

Côté cuisine, les stéréotypes restent également bien ancrés : quand près de 6 hommes sur 10 (58%) se chargent d’allumer et d’entretenir le barbecue, les femmes ne sont que 6% à le faire seules. En la matière, les tâches les plus partagées consistent en l’ouverture de pots récalcitrants (effectuée à part égale par 54% des conjoints) et la découpe de morceaux de viande (41% le font indistinctement, 24% des hommes et 20% des femmes le font seul(e)s). 

Des tâches ni masculines ni féminines… en théorie

pourtant, les taches traditionnellement masculine ne sont plus percues comme l'apanage des hommes, mais comme des taches pouvant etre asumées par les deux sexes.

Si dans la pratique, les tâches précédemment citées sont majoritairement réalisées par les hommes, les femmes voient théoriquement la plupart d’entre elles comme n’étant « ni masculines, ni féminines ». Elles sont ainsi plus de la moitié (51%) à considérer que les femmes et les hommes sont également à même de percer des trous ou déboucher une canalisation, 6 sur 10 à estimer la même chose en ce qui concerne la réparation des appareils électroniques (59%), le fait de monter un meuble (61%) d’ouvrir un pot difficile (60%) ou, plus nombreuses encore, de nettoyer la voiture (68%).

Un item seulement échappe – de peu – à cette vision paritaire dans l’exercice de certaines tâches : 50% des femmes interrogées identifient la réparation des appareils électro-ménagers aux hommes contre 48% qui pensent que les deux sexes peuvent s’en charger.

Il est par ailleurs intéressant de constater que contrairement à bien d’autres tâches familiales (faire les courses, s’occuper des enfants, faire le ménage…), aucune de celles liées aux petits travaux de la maison n’est majoritairement considérée, et de très loin, par les femmes comme « plutôt féminine ».

 

implication des hommes

On pourrait penser que cette amorce de rééquilibrage dans l’exercice des petits travaux de bricolage dans les foyers français amènerait les femmes à considérer que leur conjoint s’implique moins dans ce domaine que ne le fait ou ne le faisait leur propre père. L’enquête de l’IFOP montre que cela n’est pas le cas. En effet, si 37% d’entre elles considèrent que leur partenaire en fait autant que leur père, elles sont 33% à dire qu’il en fait plus et tout juste une sur cinq (21%) à constater le contraire. 

Bricolage sous tension

bricolage sous tentions

Qu’il s’agisse de monter un meuble sans oublier de vis, de peindre proprement ou encore de réparer en urgence la fuite de la machine à laver, le bricolage entraine régulièrement son lot de tensions à la maison.

Ainsi, plus de la moitié (52%) des femmes en couple font état de disputes à des fréquences plus ou moins variables à ce sujet. Si plus du tiers (36%) dit que cela arrive « parfois », elles sont tout de même 16% à faire état de dissensions régulières, dont 5% qui indiquent que cela leur arrive tout le temps ou presque.

En observant les chiffres de plus près, on constate que ces disputes sont beaucoup plus nombreuses chez les couples âgés que chez les plus jeunes : quand 58% des femmes de plus de 65 ans se querellent avec leur conjoint en de telles circonstances, elles ne sont que 23% chez les 18-24 ans. La patience s’amenuiserait-elle avec les années ?

Question de virilité ?

viritilé

Certaines de ces disputes trouvent certainement leur source dans la pression qu’exerce sur un nombre non négligeable de conjoints l’image de virilité encore couramment associée à l’homme bricoleur.

Ainsi, plus du tiers (37%) des hommes ont déjà refusé que leur conjointe s’essaye au petit bricolage sous prétexte qu’il s’agit là d’une activité masculine.

Ce stéréotype pourrait également expliquer pourquoi 4 hommes sur 10 disent avoir déjà ressenti de la honte après avoir échoué à réaliser des travaux de bricolage, ou pourquoi également près d’un tiers d’entre eux (30%) exagèrent leurs compétences dans ce domaine auprès des membres de leur famille.

Il arrive même à 15% des hommes de faire croire qu’ils ont eux-mêmes effectués des travaux alors qu’ils ont été aidés par quelqu’un d’autre. Cette volonté de se montrer sous un jour favorable concerne tout particulièrement les jeunes générations : 45% des 18-34 ans ont déjà éprouvé de la honte après un échec et, dans la même proportion, surestimé leurs capacités devant leur famille.   Près de 4 hommes sur 10 dans cette tranche d’âge ont d’ailleurs caché l’intervention d’un tiers pour les aider à mener à bien des travaux.

Le point de vue de François Kraus, directeur du pôle genre, sexualités et santé sexuelle de l’IFOP

« Une forme d’inertie existe toujours dans le processus de répartition des tâches, les unes étant considérées comme féminines, les autres comme masculines. Malgré #MeeToo et une remise en cause croissante des rôles des genres, il y a toujours des tâches associées aux hommes, et qu’ils prennent en charge.

Cette étude montre ainsi que le bricolage, l’entretien de la maison, la voiture ou encore le barbecue sont des activités qui restent à dominante masculine. Elle témoigne également du fait que les femmes s’autonomisent et expriment la volonté de dégenrer les tâches dévolues aux hommes, qu’elles considèrent majoritairement comme mixtes. Toutefois, et dans les faits, on assiste sans doute à une résistance des hommes à laisser les femmes s’investir dans ce domaine, car ils estiment qu’il relève de leur rôle de genre, voire qu’ils ne seraient pas de « vrais hommes » s’ils les laissaient faire.

Après, même si la répartition des tâches ménagères est encore très inégale, les hommes ne font pas rien à la maison. Mais ils s’investissent avant tout dans des activités de l’ordre de l’exceptionnel, qui se voient et sont socialement valorisées car contribuant à l’amélioration du logement. Tâches qui, par ailleurs, ne sont pas aussi chronophages que celles assumées quotidiennement par les femmes. »

Étude Ifop pour Depanneo.com réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 13 au 17 avril 2023 auprès d’un échantillon de 1 038 femmes, représentatif de la population française féminine âgée de 18 ans et plus. Afin d’offrir une comparaison entre les deux sexes, certaines questions ont aussi été posées à un échantillon d’hommes âgés de 18 ans et plus (955 hommes âgés de 18 ans et plus – avril 2023)

 

Auteur de l'article
jeremy

Rédacteur passionné par les métiers de la plomberie, de l'électricité et de la serrurerie. Grâce à mon expertise, j'écris des contenus de qualité pour aider les lecteurs à résoudre leurs problèmes. Je suis heureux de partager mes connaissances et mes astuces pour vous aider dans vos projets de bricolage et de dépannage.

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